Dors un petit peu, homme à qui j'ai donné mon amour...
Dors un petit peu, un tout petit peu,
et ne crains rien,
homme à qui j'ai donné mon amour,
Diarmaid, fils d'O'Duibhne.
Dors ici, profondément, profondément,
je veillerais sur ton sommeil,
fils charmant d'O'Duibhne.
Mon coeur se briserait de douleur
si je manquais à te voir.
Nous séparer serait séparer
l'enfant de sa mère,
éloigner le corps de l'âme...,
Le cerf, à l'est, ne dort pas.
Il ne cesse de bramer
dans les buissons des oiseaux noirs,
il ne veut pas dormir.
La biche sans cornes ne dort pas.
Elle gémit pour son faon tachete,
elle court dans les brousailles,
elle ne dort pas dans sa tanière.
La vive linotte ne dort pas
sur le faite des arbres aux belles ramures.
Le temps est bruyant ici.
Même la grive ne dort pas.
Le canard gracieux ne dort pas,
il se prépare a nager,
il n'a ni repos ni sommeil ici,
dans son refuge, il ne dort pas.
Ce soir, le coq de bruyère ne dort pas
dams les landes battues par les vents.
Sur la colline, son cri est doux et clair.
Près des ruisseaux, il ne dort pas.
Dors un petit peu, un tout petit peu
et ne crains rien,
homme à qui j'ai donné mon amour.
Extrait de La Poursuite de Diarmaid et Grainne